Résumé : Le cannabis est le premier produit illicite consommé en France. Avec quelque 900 000 usagers quotidiens parmi les personnes âgées de 11 à 64 ans, les Français figurent depuis les années 2000 parmi les premiers consommateurs au plan européen.
Malgré l'importance des usages, le caractère clandestin de ce marché complique les possibilités d'évaluer son ampleur. Pourtant, l'estimation du chiffre d'affaires du cannabis constitue un élément utile à prendre en compte pour apprécier l'impact de cette consommation de résine ou d'herbe, notamment au plan économique et social. Afin de progresser dans ce travail, les dernières enquêtes menées en 2017 auprès de la population adulte (Baromètre de Santé publique France) et des adolescents de 17 ans (enquête ESCAPAD de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies) ont interrogé les usagers de cannabis sur leur nombre d'achats de cannabis effectués dans l'année et leurs dernières dépenses. C'est à partir des réponses apportées qu'une dépense annuelle moyenne a pu être calculée et un chiffre d'affaires estimé. Ces calculs sont présentés dans ce numéro de Tendances.
Le produit du montant des achats déclaré ou estimé par le nombre total d'individus dans la population française en 2017 (38,6 millions d'individus âgés de 17 à 64 ans) permet d'estimer le chiffre d'affaires du cannabis en 2017 à un niveau minimum de 1,2 milliard d'euros.
Si les comparaisons de cette estimation avec des travaux précédents ne sont pas possibles dans la mesure où les méthodologies diffèrent, l'analyse constate une hausse de 72 % des dépenses en cannabis des usagers quotidiens entre 2010 et 2017.
La relative simplicité du questionnement devrait permettre un suivi régulier de cette estimation. Toutefois, il s'agira d'évaluer plus précisément dans les prochaines enquêtes la contribution de la pratique de l'autoculture. Et de compléter ce montant plancher de 1,2 milliard en incluant non seulement les achats des jeunes gens de moins de 17 ans, mais surtout ceux émanant des populations d'usagers marginalisés qui échappent aux enquêtes par téléphone mais sont souvent fortement consommatrices de cannabis.